Rando : Circuit le Tour du Grand Canon Zillisheim

16 mai 2023
Accompagnateur : Robert ROSSIN
Temps : bruine toute la journée, Marche de : 11km, Dénivelé : 250 m
Durée : la journée avec visite guidée du site du Grand Canon
Participants : 23
Les marcheurs sont prêts pour le départ de cette première marche de l’année en Alsace de 11 km et 250 m de dénivelé. Le temps était annoncé et est pluvieux, mais moins qu’à Montbéliard où il tombait des « cordes » ce matin.
Nous stationnons devant l’ancienne auberge du Grand Canon, en pleine forêt. Après quelques centaines de mètres, nous découvrons l’étang Bielsbach, un havre de paix pour les pêcheurs et les promeneurs. Une bonne petite côte et nous arrivons à la Vierge de Paul Rath. Encore quelques pas dans la forêt et nous apercevons Luemschwiller, village rural agricole sundgauvien de 750 habitants. Pour éviter au village d’être noyé en cas d’averse importante, il a été créé un bassin d’orage : une digue retient l’eau dans une dépression du terrain. Après l’orage, l’écoulement de l’eau est calibré.
Nous retrouvons un petit bosquet avec bon nombre de terriers de blaireaux quelques trous sont fraichement creusés. Une belle descente nous amène à un endroit déjà visité en 2011 : le cimetière allemand d’Illfurth (guerre 1914-1918). Aménagé à partir de 1920, ce cimetière abrite les corps de près de 2 000 soldats allemands, dont celui d’Albert Mayer, premier militaire allemand tombé au combat la veille de la déclaration de la Première Guerre mondiale (entre-tué avec le caporal Peugeot). En 1975, les croix en bois surmontant les tombes ont été remplacées par des blocs de pierre gravés.
Nous montons encore un peu pour arriver à la chapelle Saint Brice construite en 1586. En ruine, elle est reconstruite en 1765. A cette époque la vue sur la trouée de Belfort était dégagée et permettait à un ermite sur place d’alerter lorsqu’un orage arrivait. Elle est à nouveau détruite en 1791 et reconstruite en 1870, les modifications de 1925 lui donnent son apparence actuelle. Le Britzgyberg et nous voici au point culminant de la randonnée. Nous sommes aussi sur un site archéologique classé aux monuments historiques en 1992, édifice celtique contemporain des tumuli (tombes à épée) environ 600 ans avant JC. La présence de fragments d’amphores phocéennes et de céramiques attiques à figures noires importées depuis Athènes. Nous cheminons en forêt et en zones de cultures jusqu’à l’heure du casse-croûte dans une cabane forestière, il faut dire un peu petite pour notre équipe. Comme d’habitude, le casse-croûte est un moment important, mais notre groupe en a fait un moment tout à fait particulier de partage. Encore un kilomètre et c’est la découverte de l’assise bétonnée du Grand Canon. A Zillisheim, une association vient d’être créée pour nettoyer, protéger et valoriser le site du Grand canon.
Le grand Canon Entre 1915 et 1916, l’armée allemande a installé, dans la forêt de Zillisheim, un canon de marine appelé « Langer Max ». Le tube pesait 80 tonnes et faisait 17 m de long. Il pouvait tirer toutes les 15 minutes un obus de 380 mm, d’une hauteur de 2 m et d’un poids de 750 kg à 1 tonne, sur une distance de 45 km.
De juillet 1915 à août 1915 : construction d’une voie ferrée pour acheminer le matériel et les matériaux au plus près du site. Du 10 septembre 1915 au 8 novembre 1915 : construction d’une voie ferrée étroite pour transférer le tout sur place ; travaux de déboisement, de terrassement pour la cuve et les galeries, coulage de quelques milliers de m3 de béton (estimation 4 000 m3). Presque mille hommes sont présents sur le site et ses environs, pendant cette période. Le 11 décembre 1915 une centaine de soldats les remplacent pour l’installation de l’affut du tube d’environ 120 tonnes, acheminement des munitions et stockage dans les magasins. L’opération sera terminée le 20 décembre 1915, le site est opérationnel le 6 janvier 1916.
Pendant toute cette période, on a du mal à imaginer qu’un tel remue-ménage soit passé inaperçu. Ce canon qui avait pour mission de tirer à grands coups sur Belfort (41 tirs et 4 morts) et Wesserling (3 tirs 10 morts) était en réalité un plan de diversion. La totalité de la population de Zillisheim et villages voisins avait été évacuée fin janvier 1916.
Des mesures importantes de prévention contre l’espionnage : avec notamment de la désinformation, du camouflage avec la construction d’un emplacement factice ont été prises. Le secret de l’installation du canon dans la forêt de l’Altenberg devait être gardé de façon absolue. Tous ces éléments ont contribué à renforcer le mystère autour du « Langer Max » de Zillisheim. Il a d’ailleurs disparu tout aussi mystérieusement de la forêt de l’Altenberg en octobre 1916, après avoir tiré 44 obus, pour être réaffecté au nord de la Belgique. Tous les ingrédients sont donc réunis pour alimenter pendant près d’un siècle les légendes les plus folles autour de ce canon que l’on qualifie, souvent et à tort, de « Grosse Bertha » qui était un obusier de 43 tonnes canon de 5 m de long calibre 420 mm portée maxi 9 à 17 km utilisé à Verdun.
Un grand merci à l’association de préservation et de valorisation du site du Grand Canon et son président Joseph Goester pour cette visite détaillée fort intéressante : avec projection et explications très précises sur le déploiement des canons allemands depuis Zillisheim à la mer du Nord en Belgique et surtout l’organisation pour alimenter le grand canon en obus.
Photos : René VERMOT DESROCHES
Rendez-vous pour la prochaine randonnée :
mardi 30 mai 2023 à 13 h15
Circuit du trou de la chouette à Chamesol (25)
– Parking de la mairie à Chamesol (25190)
– Départ : 13 h 30
– Pour : 12 km
– Dénivelé : 150 m
– Durée : 3 h 30
Accompagnatrice : Denise BARBIER